Charles GOUNOD (1818-1893)
Messe solennelle en l’honneur de Sainte Cécile pour Soprano, Ténor et basse solistes, chœur et orchestre.
Elle a été créée le 22 Novembre 1855 en l’église Saint-Eustache à Paris, à l’occasion de la fête de Sainte Cécile, patronne des musiciens.
Joseph d’Ortigues, critique au Journal des Débats rapporte que l’oeuvre fut exécutée par plus de 300 interprètes. L’orchestre était dirigé par « M. Tilmant » et les choeurs par Gounod lui-même.
La messe de Sainte-Cécile connu un énorme succès ; de nombreux musiciens exprimèrent leur enthousiasme et encensèrent Gounod à l’image de Berlioz qui écrivit dans une lettre : « À part (…) Camille Saint-Saëns, un autre grand musicien de 19 ans et Gounod qui vient de produire une très belle messe, je ne vois s’agiter que des Ephémères au-dessus de ce puant marais qu’on appelle Paris ».
Saint-Saëns, alors âgé de 20 ans, ne tarit pas d’éloges : « Elle (La messe) causa une sorte de stupeur, parce que cette simplicité, cette grandeur, cette lumière sereine qui se levait sur le monde musical comme une aurore gênaient bien des gens ; on sentait l’approche d’un génie »
La presse aussi fut unanime. Citons encore d’Ortigues dans le Journal des Débats : « Cette messe est fort belle. Je crois que ce jeune maître possède éminemment toutes les qualités qui doivent distinguer le compositeur de musique sacrée. Il a la plénitude, la fécondité, la largeur, la noblesse, l’onction, le calme (…) »
La messe de Sainte Cécile comprend 5 parties :
1 Kyrie/Seigneur prend pitié
2 Gloria/Gloire à Dieu
3 Credo/Je crois en Dieu
4 Offertoire (orchestre seul)
5 Sanctus/Saint le Seigneur
6 Benedictus/Beni soit le Seigneur
7 Agnus Dei/ Agneau de Dieu
8 Domine salvum.
Notes sur le Domine salvum :
Ce motet, prière de l’Église, de l’Armée et de la Nation pour la protection du souverain, était un quasi-hymne national sous l’Ancien Régime.
Le motet de Gounod n’adresse pas les prières au Roi mais à l’Empereur Napoléon III : « Domine salvum fac Imperatorem nostrum Napoleonem… ».
Après le défaite de Sedan, le 1r septembre 1870, la république fut proclamée mais la prière ne disparut pas pour autant, seules les paroles furent changées : « Domine salvam fac rem publicam nostram »
Le texte de cette prière telle que chantée sous l’Ancien Régime (Dieu sauve notre Roi) n’est pas sans rappeler le God save the King britannique.